Les superbactéries

Depuis les années quarante, l’homme a largement utilisé les antibiotiques contre les infections bactériennes. Mais une surutilisation dans les trois dernières décennies a fait apparaitre de nouvelles souches de bactéries qu’on appelle les superbactéries.

Les superbactéries sont en fait des bactéries devenues résistantes à la plupart des antibiotiques connus. En utilisant abusivement les antibiotiques pour toutes sortes de troubles mineurs qui ne nécessitaient pas toujours la prise de médicament, nous avons poussé les populations bactériennes à établir des mécanismes de défense.

Comment ont-elles développé cette résistance? En fait, dans une population d’organisme quelques individus naissent avec des différences au niveau des gènes. Ce qu’on appel communément des mutations génétique, ainsi lorsqu’une population de bactéries est exposée à un antibiotique, comme la pénicilline par exemple, la majorité de celles-ci meurt, mais une minorité ayant des gènes différents survivent à l’antibiotique en présence et créé par la suite une descendance avec le même bagage génétique résistant à un type d’antibiotique en particulier.

En fait, c’est la sélection naturelle qui fait son oeuvre, en milieu hostile, les faibles meurent et les plus forts survivent, favorisant ainsi une espèce plus évoluée.

Il n’y a pas seulement la prise d’antibiotique pour le traitement des maladies qui est en cause, mais les aliments que nous consommons y sont aussi pour quelque chose. Dès la fin des années 70, les cultivateurs et les éleveurs ont commencé à utiliser massivement les antibiotiques sur les animaux d’élevage pour accélérer la croissance ou à titre préventif contre certaines maladies. Cette utilisation a créé de véritables nids de bactéries antibiorésistantes.

Selon une étude du National research council, il a été mis en évidence que la consommation de ces viandes pourrait affecter la santé humaine en favorisant la multiplication de souches immunisées contre plusieurs antibiotiques connus.

Quelques bactéries d’ailleurs commencent à poser des problèmes, la plus connue de tous E. Coli est, pour l’instant, résistante à 5 antibiotiques différents. Un autre mécanisme de défense bactérien moins connu, mais potentiellement meurtrier est une enzyme se nommant NDM-1,  découverte en Inde en 2008, cette enzyme sécrétée par les bactéries résistantes détruit littéralement l’antibiotique en présence dans leur milieu.

Sans l’ombre d’un doute, un problème de santé mondiale majeur commence à se dessiner à l’horizon.

Quelle solution envisagée alors ? Des antibiotiques plus performants doivent être développés urgemment, mais dans la réalité rien n’est prévu avant 10 ans. Ce qui pourrait s’avérer catastrophique et causer beaucoup de mortalité d’ici là. La prévention est la meilleure alternative pour le moment ainsi qu’une distribution restreinte des antibiotiques afin d’éviter qu’une autre mutation nous mette échec et mat.

La thérapie génique est une autre approche en exploration pour combattre les bactéries ainsi que les virus. Il s’agit en fait d’insérer des gènes dans les cellules du patient pour combattre une maladie en augmentant la création de protéines ou en modifiant des gènes défectueux. Les essais cliniques pour le moment sont peu concluants, mais les recherches vont bon train.

En 2005, le gouvernement du Québec a donné des directives aux médecins par la publication d’un guide pratique, afin de réduire les prescriptions d’ordonnances pour des maux telles les infections virales où l’antibiotique n’a aucun effet. Les résultats sont éloquents, le nombre d’ordonnances a chuté de 4,2% la première année, réduisant ainsi la résistance aux antibiotiques.

Il y a quelques années la victoire contre l’infiniment petit semblait à portée de main, mais nous réalisons malheureusement aujourd’hui, que même dépourvus d’intelligence, ces microorganismes n’ont pas dit leur dernier mot.